464                       JOURNAL DE HENRI III.
de ses insolentes et criminelles entreprises, vint au discours du jeudi, qui fut en somme que le duc rom­pant son discours, lui dit que depuis le tems que Sa Majesté lui avoit fait l'honneur de le recevoir en ses bonnes graces, oubliant le passé qui l'en avoit éloigné, il auroit essayé en diverses façons à lui faire paroître par infinies actions le ressentiment de ce bienfait, et l'affection dont il desiroit se porter à tout ce qui seroit de ses volontés; mais que par son malheur il éprouvoit journellement ses actions plus pures être prises tout à rebours de Sa Majesté, par la malice et les artifices de ses ennemis : chose qui lui étoit dorénavant du tout insupportable; et partant, qu'il avoit résolu de plier contre leurs calomnies, et s'en venger par son éloigne­ment, se faisant accroire que par son absence il en ôteroit l'objet et le sujet à ses calomniateurs, et par même moyen que Sa Majesté demeureroit plus satisfaite de ses deportemens. Et par ainsi, la supplioit très-humblement d'avoir agréable la démission que présen­tement il.lui faisoit de la charge de son lieutenant gé­neral aux camps et armées de France dont il l'avoit honoré, et de lui permettre de se retirer en son gou­vernement, lui en octroyant la survivance pour son fils, et celle aussi de sa charge de grand-mtre.
Le Roy fut fort étonné de ses demandes, lui disant qu'elles étoient éloignées de son intention et de sa vo­lonté, qui n'étoit autre que de continuer en cette grande résolution qu'ils avoient prise ensemble contre les hé­rétiques, ou il vouloit entierement se confier en lui, et se servir de sa-personne. Et tant s'en faut qu'il vou­lût accepter cette démission, qu'au contraire il desiroit plutôt de l'accroître selon les occasions, et ne crût point
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